L'ennemi intime

Le film qui a fait peur à tout le monde mais qui est plutôt bien fait...



Résumé :

Terrien, un jeune lieutenant français, se retrouve muté en Algérie, en pleine guerre d’occupation. Défendant certaines valeurs morales auxquelles il croit, il va vite se retrouver confronté à la torture et à la barbarie de l’être humain qui fait rage. Se refusant à pratiquer ces atrocités, Terrien va alors devoir affronter le pire ennemi qui soit : lui-même.

Benoît Magimel est Terrien




Avis personnel :

Dans la droite lignée d’Indigène, voici l’ennemi intime. Pourtant, il ne s’agit pas d’une dénonciation d’injustice mais plutôt de rapporter des faits qu’on a longtemps ignoré. De 1959 à 1999, la guerre d’Algérie sera appelée Occupation pacifiste ou encore maintien de l’ordre avant que l’on reconnaisse officiellement qu’il y a bien eu cet événement traumatisant qu’a été la guerre.
L’ennemi intime suit les trace d’un jeune soldat idéaliste catapulté dans cet enfer.

Siri délivre ici un message fort (encore me direz-vous) mais sans aucun jugement de part et d’autre des deux camps. Le film est à prendre au premier degré. La torture est bien là, on la voit, elle existe chez le FLN et l’armée française qui la brandissent comme une justification de leurs actes. Le réalisateur rappelle ici qu’il y a bien eu la guerre en Algérie comme il y a eu la guerre en 44 (souvent évoquée d’ailleurs) malgré l’impact moindre qu’elle a eu. Ce film coup de poing ne montre pas (et c’est bien) des gars qui en ont vu de toutes les couleurs (à part les gradés bien sûr) mais plutôt de jeunes soldats qui se demande continuellement ce qu’ils font ici. Les acteurs sont excellents, Magimel en jeune utopiste est très convaincant et Albert Dupontel nous emmène loin de son univers comique pour incarner un cynique attachant. Nos deux antihéros s’affrontent et s’entraident donc dans une guerre-boucherie qui ne se nomme pas. Le spectateur peut même s’identifier au petit Saïd, qui est sans doute l’emblème fort de ce film et le moyen de montrer qu’il n’y a aucun parti pris (je répète c’est possible). D’abord algérien puis recueilli côté français lorsque son village est massacré par le FLN, il assiste impuissant à la torture des siens.



Bref, un film de guerre poignant avec des acteurs justes dont certains le comparent déjà au Platoon de Oliver Stone.
Côté visuel, on assiste à un défilé de paysage algérien qui ne sont pas sans rappeler les vieux films iraniens, tout cela dans une ambiance bleutée. Les décors s’intègrent parfaitement à l’intrigue et les paysages accidentés sont grandioses. Les scènes de guerre sont à couper le souffle et rien que pour ça on est content d’avoir payé sa place de cinéma.
Seule la fin pourrait être jugée comme étant déconcertante mais elle met un point final aux presque deux heures de film.


Au final, un très bon film sans surenchères d’effets spéciaux moralisateur à tout bout de champ et comportant quelques longueurs mais réaliste et délivrant un message fort.

7/10

Sortie DVD : 16 Avril 2008